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Author: Philippe Bourget

  • Rendez-vous aux Îles Féroé, dans l’archipel des confins

    Rendez-vous aux Îles Féroé, dans l’archipel des confins

    Des paysages et des villages en cinémascope

    Amoureux de panoramas vertigineux entre océan et montagnes, bienvenue aux Îles Féroé ! Cet archipel de 18 îles et 54 000 habitants aux airs de « nouveau monde » offre mille occasions de s’extasier devant des paysages intenses. Immenses falaises chutant en mer, routes de montagne ondulant à flanc de versants, villages de poche lovés au fond de petits fjords : la destination déploie un décor spectaculaire dans une palette de verts profonds, striée de cascades d’argent entretenues par la furia des pluies atlantiques.

    Eglise et village de Sandavágur, sur l’île de Vágar Philippe Bourget

    Ce mélange d’Ecosse, de Norvège et d’Irlande prend son tour le plus dramatique dans les îles du Nord. Depuis Tórshavn, capitale provinciale au vieux quartier bâti de maisons en bois – charme garanti ! -, un tunnel sous-marin relie à l’île d’Eysturoy, la seconde plus grande de l’archipel. Après avoir longé les fjords Skálafjørður puis Funningfjørður, voici Gjógv, village du bout du monde.

    On y découvre les traditionnelles maisons en bois aux toits recouverts d’herbe, les poissons pendus aux façades pour être séchés, une église blanche au clocher pointu, une faille rocheuse ouvrant la vue sur l’île Kalsoy et cette inimitable atmosphère de brume enveloppante, dévoilant sous les nuages la pointe émeraude du sommet Miðdagsfall (601 m).

    La cascade Fossá

    Il faut aimer la nature et la solitude pour vivre dans ces confins. Sur l’île Streymoy, colonisée par les moutons comme partout aux Féroé – on compte près de 80 000 ovins – la route vers Tjórnuvik le prouve. Le long du fjord Sundini, arrêt à la cascade Fossá, double chute d’eau tonitruante et solitaire. Elle précède ce village cul de sac isolé, posé au fond d’une baie entourée d’un amphithéâtre de montagnes ruisselantes. Un lieu prisé de villégiature.

    Les recoins de l’archipel recèlent d’autres secrets. Sur l’île de Vidðy, l’une des plus nordiques, cap sur Viðareiði, l’un des deux villages. Une poignée de maisons perdues fait face à d’impressionnantes falaises dégringolant en mer. Un décor propice aux sagas fantasy…

    Ile de Vagar Philippe Bourget

    Le meilleur est à venir sur l’île de Vagar. Passés le photogénique village de Bøur et l’îlot en lame de couteau de Tondhólmur, survient le hameau de Gásadalur. Il n’est relié au reste de l’île que depuis 2006, grâce à un tunnel. Un passage à emprunter absolument pour admirer la cascade de Múlafossur, bruyante chute d’eau plongeant soudainement en mer, fouettée par les vents du grand large.

    Le village de Vidareidi sur l’île de Vidoy

    Un destination de randonnées au grand air

    Si l’on aime marcher dans des décors aériens et solitaires et que l’on ne craint ni la pluie ni les vents, alors les Féroé sont une destination de rêve. Chacune ou presque des 18 îles est sillonnée de sentiers tracés dans la pierraille de basalte, roche endémique de cet archipel aux origines volcaniques bien qu’il n’abrite aucun volcan, contrairement à son voisin islandais.

    Les Îles Féroé disposent d’un réseau de sentiers plutôt bien balisé grâce à de petits piquets en bois plantés le long des itinéraires et d’imposants cairns édifiés pour mieux se repérer en cas de brouillard. Les parcours sont en général des one way ou des boucles, les treks longue durée sont rares surtout en l’absence de gites d’étape ou de refuges.

    De Tórshavn, vue sur les îles d’Hestur et de Koltur Philippe Bourget | cms

    Les niveaux de difficultés sont classés en plusieurs catégories, visibles sur des panneaux didactiques installés au départ des itinéraires ou sur des topos-guides fournis par les offices de tourisme. Certains itinéraires nécessitent le paiement d’un droit d’entrée. Le site faroeislands.com, via l’onglet « hiking », liste les balades payantes. Les dénivelés sont abrupts sur certains itinéraires. Le point culminant de l’archipel, le Slættaratindur (880 m), se trouve sur l’île d’Eysturoy.

    Parmi les balades, celle menant au phare de Mykines, l’île la plus à l’ouest de l’archipel, est mythique. La « rando », d’environ 2h30, dévoile des paysages vertigineux de falaises et le spectacle fascinant des macareux volant en été. Ce n’est pas pour rien que Mykines, accessible en ferry et en hélicoptère, est surnommée « l’île aux oiseaux ».

    Pour tenter une marche facile, on peut choisir celle qui mène des faubourgs de Thórshavn à Kirkjubøur. Au bout de la petite route Við Sandá, un sentier grimpe à travers les prairies à moutons et rejoint un plateau, depuis lequel la vue s’ouvre sur les îles vertes et montagneuses d’Hestur et de Koltur. La première rassemble une vingtaine d’habitants, groupés dans un seul village. La seconde héberge un couple unique de fermiers et n’est accessible qu’en hélicoptère.

    Vue sur la falaise d’Eiðiskollur, sur l’île d’Eysturoy Philippe Bourget

    Au bout de 2h de marche dans un paysage d’herbe et de rocaille, l’itinéraire conduit jusqu’à Kirkjubøur. Dans ce village de poche faisant face à l’île de Sandoy, se trouve l’un des seuls vestiges historiques des Îles Féroé : les ruines d’une cathédrale du 13ème s., souvenir d’un ancien évêché. Le retour à Thórshavn peut s’effectuer en bus ou en taxi.

    Une économie et un style de vie à forte identité

    Quelle est l’identité des Féroé ? A propos d’un archipel si peu connu, la question est légitime. Première réponse : même rattachées au royaume du Danemark, ces îles disposent d’une autonomie et ont toujours refusé d’appartenir à l’Union Européenne. Le Danemark verse une dotation pour assurer quelques services régaliens, comme la police. Pour le reste, les îles Féroé sont quasi souveraines.

    Côté identité, l’archipel possède sa langue, différente du danois. Sa monnaie est liée à la couronne danoise mais les Féroé émettent des billets qui n’ont pas cours au Danemark ! Ces différences exacerbent le sentiment national. Normal pour un territoire riche, sans chômage, dont l’insularité stimule l’idée d’une indépendance qui pourrait arriver un jour.

    Ferme d’élevage de saumon Philippe Bourget | cms

    L’économie provient pour l’essentiel de la pêche et de l’aquaculture. Dans les fjords, les visiteurs verront des fermes d’élevage de saumons, repérables à leurs bassins circulaires à côté desquels une barge alimente les poissons par des tuyaux. Le port de Klaksvik, seconde ville des Féroé, témoigne de l’importance de la pêche au long cours. La taille des navires-usines, véritables entreprises flottantes, interpelle. Ils font la fortune des dynasties de pêcheurs.

    Puisque l’on parle de pêche, évoquons un sujet délicat : la chasse au globicéphale noir. Elle est encore pratiquée sur cet archipel où les villages avaient l’habitude de tuer ces animaux marins pour subvenir à leurs besoins. Même sans cette nécessité nourricière, la tradition perdure, au grand dam des écologistes.

    Fermière et éleveuse de moutons Philippe Bourget

    L’autre production des îles est le mouton. Solitaires et en liberté dans cette immensité, on en croise partout, parfois même dans les villages. Côté architecture, les maisons en bois aux toits recouverts d’herbe sont l’image d’Epinal des Féroé. L’herbe isole du froid. Et quand il s’agit de la tailler, certains propriétaires n’hésitent pas à envoyer un mouton sur le toit !

    S’agissant des transports inter-îles, il existe des ferries, comme dans tous les archipels. Mais pour les îles plus éloignées, l’hélicoptère est roi. La compagnie Atlantic Airways, qui assure des vols vers les Féroé depuis Copenhague ou Paris, en possède deux. Prendre l’hélico comme d’autres prennent le bus pour rejoindre Svínoy ou Fugloy, deux îles septentrionales, est une expérience rare qui laissera un souvenir marquant.

    Une gastronomie originale

    Partir aux Féroé est aussi une aventure culinaire. Deux produits sont incontournables : le poisson et la viande d’agneau. Dans les restaurants ou les rares tables d’hôtes (comme « Heimablídni », chez Harriet et John Gørðum, à Æðuvik), on aura l’occasion de goûter aux deux. Côtiers ou du grand large, tous les poissons sauvages se retrouvent dans l’assiette. Le saumon est aussi omniprésent, issu directement des fermes d’élevage de l’archipel.

    Philippe Bourget | cms

    Côté agneau, tous les modes de préparation existent. Le meilleur est sans doute celui qui fait mijoter la viande durant 13h (!) dans un four. Sa tendreté est alors inimitable. Mais la grande tradition culinaire des Féroé est le ræst. C’est une technique de séchage du poisson et de la viande à l’air libre, ou dans de petits cabanons en bois ventilés naturellement. Après plusieurs semaines, ils prennent un goût fermenté et deviennent consommables. Cette tradition de conservation était utile jadis pour s’alimenter durant les longs hivers.

    Dégustation de brochette de fulmar Philippe Bourget | cms

    A Tórshavn, un restaurant gastronomique met typiquement cette cuisine à l’honneur : Ræst. Pour l’équivalent d’environ 120 € (dîner revient cher aux Féroé, la destination n’est de toute façon pas low cost et un budget conséquent sera nécessaire pour le voyage), on pourra goûter, à travers un menu-dégustation de 14 plats, de la baleine, des oursins, du mouton, du fulmar (oiseau marin), du drylur (pain plat des îles Féroé) ou encore du skerpikjøt (jambon de cuisse de mouton fermenté).

    Dégustation de coquillages au restaurant Ræst Philippe Bourget | cms

    Côté légumes, en revanche, la destination est pauvre. La terre des îles Féroé produit toutefois des pommes de terre et… de la rhubarbe, une plante rustique bien adaptée au climat. Ultime originalité (contestable pour les écologistes), sur l’île de Mykines (la fameuse île aux oiseaux, où le birdwatching est très pratiqué), les habitants ont l’habitude, une fois l’an aux alentours du mois de septembre, de capturer quelques fous de Bassan pour les manger. Tradition, encore, dans cet archipel rude où l’on a toujours eu le réflexe pour se nourrir d’utiliser ce que la nature pouvait offrir.

  • Costa Rica

    Costa Rica

    Résultat, 29 parcs nationaux et un respect immense pour l’environnement, la faune et la flore. Aller au Costa Rica promet de découvrir un pays intègre. A consommer sans modération.

    Back to the basic au Costa Rica

    Cas rare en Amérique Centrale, la démocratie apaisée qui s’est installée au Costa Rica a fait le choix de protéger sa biodiversité et de miser sur un tourisme responsable.

    Le volcan Rincon de la Vieja
    Le volcan Rincon de la Vieja Philippe Bourget

    Conséquence : du nord au sud du pays, plusieurs parcs nationaux sont ouverts au public. Ils sont dotés d’hébergements souvent à taille humaine et garantissent d’apercevoir un large spectre animal. En prime, le Costa Rica affiche un volcanisme actif. On pourra en mesurer la vigueur sur les pentes de plusieurs d’entre eux.

    La nature dans tous ses états

    Au nord, les provinces d’Alajuela et de Guanacaste combinent sites majeurs et lieux inédits. Impossible de louper le très connu volcan Arenal, cône parfait de la cordillère de Tilarán. Impensable de passer à côté des volcans Tenorio et Rincón de la Vieja. Leurs versants abritent une végétation humide et sèche qui balaie la panoplie entière des plantes tropicales connues et inconnues. Ne parlons même pas de la vie animale. Colorés et parfois bruyants (tels les singes hurleurs), oiseaux et mammifères sont une raison majeure (mais pas exclusive) de visiter le pays. Tourné vers l’ouest, le Guanacaste livre également sa côte Pacifique à des séjours balnéaires agréables, au bord d’un océan à l’eau tiède.

    Le volcan Tenorio
    Le volcan Tenorio Philippe Bourget

    La richesse de tout un peuple

    En mode immersif, l’Alajuela offre aussi la chance de rencontrer des communautés indigènes. Rare peuple amérindien présent au nord, les Malekus proposent une initiation riche et passionnante à leur univers culturel. Nous gardons le meilleur pour la fin – où plutôt le début : le Caño Negro. Non pas que ce territoire de lagune soit plus riche que les autres. Mais son isolement à l’extrême-nord du pays, près de la frontière du Nicaragua, et la profusion d’animaux qu’il abrite, visibles lors d’itinéraires en bateau, lui donne une touche de mystère qui mérite d’aller s’y perdre.
    La gentillesse légendaire du peuple costaricien fera le reste. Son accueil toujours courtois et des conditions de visites sûres sont la garantie d’un voyage mémorable.

    La communauté des Malekus
    La communauté des Malekus Philippe Bourget

    L’écosystème passionnant de la lagune de Caño Negro au Costa Rica

    Au nord du pays, ce « Refuge National de Vie Sylvestre » protège sur 10 000 ha des milliers d’oiseaux et d’animaux terrestres.

    Le rio Frio à l'extrême-nord costaricien
    Le rio Frio à l’extrême-nord costaricien Philippe Bourget

    Situé à deux pas du Nicaragua, ce sanctuaire de la nature est une véritable arche de Noé. Peu fréquenté par le grand tourisme, il assure une plongée inédite dans un écosystème passionnant.
    Ma surprise fut de taille. Avant de rejoindre le rio Frio et d’embarquer pour la croisière naturaliste, dans cet extrême-nord costaricien, l’arrêt nous avait été conseillé au pied d’un immense ceiba (arbre tropical), posé en retrait de la route. Tout en haut, un couple de jabirus était en train de construire son nid. Pas n’importe quel oiseau, cet échassier. Debout, il peut mesurer jusqu’à 1,30 m. Vision magnifique et rare que ce couple haut perché, plumage blanc et noir entrecoupé d’une collerette rouge.

    Une volière à ciel ouvert

    La suite fut à l’unisson. Dans l’immense plaine humide dont le niveau d’eau varie au gré des saisons, le rio Frio se fraye un chemin à grand spectacle au milieu de la faune. Les immenses prairies à zébus laissent ici la place à une volière sans filet où la cohabitation animale est la règle. Martins-pêcheurs de toutes tailles, cassiques de Montezuma au plumage marron et jaune, aningas élancés à l’air presque fragile, grands hérons bleus dominateurs, esthétiques spatules roses, petits jacanas au poitrail jaune, fiers hérons Onoré du Mexique en pleine parade nuptiale… tous observent notre navigation avec confiance, certains d’être les maîtres des lieux. D’autres ont l’œil aux aguets : les caïmans. En ce mois de février d’eaux refluantes, on ne voit qu’eux, tapis sur les berges boueuses, figés dans une immobilité parfaite. Certains ont la bouche ouverte, façon de réguler leur température corporelle. Nous n’y risquerons pas la main… Les hautes branches sont moins tranquilles. Des iguanes surpris par notre présence se jettent à l’eau, des singes hurleurs se baladent avec aisance, des balbuzards pêcheurs guettent leurs proies tandis que dans le ciel, un caracara huppé observe cela de ses yeux perçants.

    Héron bleu dans le Cano Negro
    Héron bleu dans le Cano Negro Philippe Bourget

    De nuit aussi…

    La balade oscille entre rio Frio et zones lagunaires. Elle montre aussi la petite vie des rives, ces campesinos qui vont et viennent sur leurs barques pour rejoindre un village ou un champ. Ou ces pêcheurs occupés à traquer d’immenses tilapias. Seul le cœur de la saison sèche, en mars-avril, empêche les habitants de naviguer sur tous les chenaux. Mais nous n’en avons pas fini avec les animaux…

    Pied mis à terre, nous allons nous poster sous un arbre où se perche un ibijau, énigmatique oiseau de la famille des nyctibiidae. Plus loin, au bord de la lagune, nous surprenons un lézard vert Jésus-Christ, appelé ainsi pour sa capacité unique à marcher sur l’eau. Au-delà, une cohorte de tortues forme des petits points noirs à la surface de l’eau, autant de têtes émergées occupées à surveiller l’horizon. Dans ce Caño Negro si surprenant, la balade diurne peut aussi devenir nocturne. A pied, elle dévoile un autre monde, celui des fourmis « balles de fusil » à la piqure douloureuse, des grenouilles taureaux peu farouches, des araignées rétiaires capturant leurs proies avec leurs toiles-filets… Vraiment un univers d’exception.

    Lézard vert
    Lézard vert Philippe Bourget

    Les Malekus, rencontre avec une communauté fragile costaricaine

    Parmi les six peuples amérindiens vivant dans le pays, les Malekus sont les moins nombreux. Installés dans trois villages autour de San Rafael Guatuso, dans la province de l’Alajuela, une partie de leurs 1 200 membres dévoile aux touristes une culture hélas menacée.

    La communauté des Malekus
    La communauté des Malekus Philippe Bourget

    La rencontre avec une communauté amérindienne laisse toujours des traces. A fortiori en Amérique Centrale où la colonisation a dévasté ces peuples premiers, victimes d’exactions et de maladies. Au Costa Rica, six tribus ont survécu. Les Cabécares demeurent les plus nombreux. Une dizaine de milliers d’entre eux vit au sud du pays. Les Malekus, eux, sont les moins visibles. Seuls 1 200 membres habitent encore trois villages, situés autour de San Rafael Guatuso, ville de la province d’Alajuela, au nord du pays. Sans information préalable, il n’est pas simple de les trouver. C’est grâce à notre guide que, contacté à l’avance, l’un d’eux nous fait signe sur le bord de la route. Quelques centaines de mètres en retrait se trouve l’un des trois villages, Palenque del Sol. Jimmy est son représentant.

    Transmettre leurs traditions aux visiteurs

    Cheveux noirs et longs, teint cuivré, il est le dépositaire d’une culture immémoriale hélas en train de s’éteindre. « Les Malekus savent qu’ils vont disparaitre. Ils ne sont plus assez nombreux. Leur souhait est de transmettre leurs traditions aux visiteurs afin qu’on connaisse leur histoire », explique Bertrand Ducos, guide naturaliste français installé au Costa Rica depuis plus de 20 ans. Ce que confirme Jimmy entre les lignes. « Nous sommes 1 200 mais seulement 600 d’entre nous sont de purs Malekus. Les 600 autres sont métisses. Et parmi les moins de 25 ans, 95% sont aussi métisses », admet-il. Plus aucun ne vit aujourd’hui dans ces maisons sur pieux de bois couvertes en feuilles de palme, telle que celle où nous sommes accueillis. Ils se sont adaptés au monde moderne. Mais ils y entretiennent leur mémoire. Elle est culinaire, avec la cuisine au feu de bois et les ustensiles traditionnels utilisés pour préparer les viandes, exclusivement issus d’animaux dont ils attribuent la création à leur Dieu – ils délaissent la chair attribuée aux « esprits malins », tels les serpents. Elle est culturelle, avec cette langue ihaïca qu’ils s’efforcent d’entretenir en famille et lors de représentations théâtrales pour les visiteurs. Elle est botanique, enfin, avec cette science des plantes qui leur permet de soigner et de fabriquer des objets.

    La communauté des Malekus
    La communauté des Malekus Philippe Bourget

    Tissu végétal…

    Nous partons en forêt avec Jimmy. Ses bottes en caoutchouc le protègent des morsures de serpents, notamment celle de la « vipère fer de lance », qui n’hésite pas à attaquer l’homme lorsqu’on empiète sur son espace vital. Son venin est mortel. Nous goutons le suc provenant de la tige d’une feuille inconnue. Amer, le goût provoque le rapide « endormissement » de notre lèvre et langue. « Nous nous en servons pour calmer les douleurs dentaires », dit Jimmy.

    La communauté des Malekus
    La communauté des Malekus Philippe Bourget

    Un peu plus loin, nous testons une plante étonnante. Posée sur le bras, elle reste fermement accrochée aux poils. Impossible de s’en débarrasser, sauf à la décrocher « à l’envers ». « Avec elle, nous jouions enfants à attraper des oiseaux en les attirant autour d’un fruit posé au sol. Leurs plumes collées par la plante, ils ne pouvaient plus voler », raconte le Maleku. Il avise un végétal aux longues feuilles garnies d’épines redoutables, dont il coupe une petite quantité. Débarrassées de leurs piquants et assouplies, elles laissent apparaître des fibres longues. Retirées puis enroulées ensemble, elles formeront un fil solide tissé pour fabriquer des sacs. Une rencontre passionnante avec cette communauté passée en dessous du seuil de reproduction pour perdurer mais parfaitement adaptée à la vie dans la forêt costaricienne.

    La communauté des Malekus
    La communauté des Malekus Philippe Bourget

    Tenorio et Rincón de la Vieja, volcanisme végétal au Costa Rica

    Protégés par des Parcs nationaux, ces deux volcans offrent un contraste inédit. S’ils sont riches en oiseaux, fumerolles et cours d’eau – et même une rivière bleue ! – le premier plonge le visiteur dans la forêt pluvieuse. Le second, lui, bascule dans un paysage digne de la savane africaine…

    Le volcan Tenorio
    Le volcan Tenorio Philippe Bourget

    A ne rater sous aucun prétexte

    Randonneurs fous de nature, bienvenue sur les pentes du Tenorio et du Rincón de la Vieja, au nord du Costa Rica. Deux volcans, deux mondes et des parcours pédestres incontournables.
    Nous sommes à Puesto Pilón, un matin pluvieux de février, à l’entrée du Parque Nacional du Volcan Tenorio. La météo maussade n’a rien d’étonnant. Heurté par les nuages venus de la mer des Caraïbes, les montagnes de la cordillère de Guanacaste forment une barrière qui reçoit toute l’année, côté Est, des précipitations importantes. La forêt… pluvieuse porte ainsi tous les stigmates de cette humidité, avec de grands arbres ruisselants et des arbustes cherchant la lumière sous la canopée. Ne pas oublier aussi que nous marchons sur les pentes d’un volcan.

    Une rivière qui change de couleur

    Après une trouée forestière ouvrant la vue sur les trois dômes volcaniques (Tenerio Uno – 1916 m -, Tenerio Dos et Cerro Montezuma), l’odeur de souffre ne trompe pas. Voici les borbollones, émanations de vapeurs d’eau issues des tréfonds de la terre. Le volcan n’est pas en éruption mais actif, du coup l’ascension aux sommets est interdite. Qu’à cela ne tienne. De passerelles en escaliers, le sentier conduit vers une curiosité qui fait vite oublier les cratères : une rivière qui change de couleur…

    Dans le parc national du volcan Rincon de la Vieja
    Dans le parc national du volcan Rincon de la Vieja Philippe Bourget

    Venu des hautes pentes, le río Buenavista modifie subitement son ph en précipitant des sédiments au fond de son lit. D’autres, à l’inverse, restent à la surface de l’eau. Irisée par la lumière du soleil, le cours d’eau devient soudain tout bleu. Un phénomène unique qui vaut le nom de rivière Céleste au torrent. On en apprécie la beauté à la Catarate Río Celeste, chute d’eau qui plonge dans un bassin bleu turquoise – sauf quand il pleut… En 3h30 de balade, on aura peut-être la chance d’apercevoir l’oiseau-soleil (ave sol). Le « Tenorio » offre une plongée magique dans la grande nature costaricienne.

    Chute d'eau de la Catarate Río Celeste
    Chute d’eau de la Catarate Río Celeste Philippe Bourget

    Ficus étrangleurs

    Changement de décor dans le parc national du Rincón de la Vieja… ou presque. Cet autre volcan actif – dernière éruption fin 2020 – tourne ses pentes ouest vers l’océan Pacifique. En saison sèche, la pluie y est rare. Sur les zones sans torrents, une végétation steppique dévoile sans crier gare un décor de savane sèche. Tout commence pourtant comme on peut s’y attendre en pays tropical : le sentier de Pailas s’enfonce dans une dense forêt humide marquée par la présence inquiétante des ficus étrangleurs. Ces arbres colons prospèrent sur des arbres tuteurs jusqu’à les étouffer de leurs branches enveloppantes.

    Le parc national du Rincón de la Vieja
    Le parc national du Rincón de la Vieja Philippe Bourget

    De la verdure à la sécheresse

    Nous entendons tout près le râle sourd du grand hocco, bel oiseau au bec jaune. Nous voyons aussi cavaler dans les arbres les singes capucins à face blanche. Quand soudain, après une zone de fumerolles où résonne le souffle de la terre, le paysage devient sec comme un coup de trique. Fini le vert, place aux gommiers, frangipaniers et autres arbustes desséchés. Sans eau, ces versants ont l’allure d’une steppe, parcourue par les peu sympathiques iguanes sténosaures. Frontière brutale, presque irréelle… Au loin, le dôme du volcan profite de cette trouée pour montrer son meilleur profil. Etonnant circuit de Pailas qui fait changer de monde en 2h30 de randonnée facile.

    Iguanes sténosaures
    Iguanes sténosaures Philippe Bourget

    Costa Rica, vues XL sur l’océan Pacifique

    Après les découvertes animalières et forestières, il est bon d’achever un séjour au Costa Rica par la détente balnéaire. Au nord-ouest, l’océan Pacifique s’y prête, avec ses hôtels Premium, ses eaux chaudes et ses excursions dans l’arrière-pays à vues plongeantes sur le littoral. Au programme : farniente actif du côté de Playa Panamá, dans la province de Guanacaste…

    Playa Panamá
    Playa Panamá Philippe Bourget

    Le Costa Rica est une terre d’écotourisme, personne ne dira le contraire. La nature est riche et le pays est enclin depuis des décennies à protéger sa biodiversité. Mais c’est aussi une destination de tourisme balnéaire. Les Américains le savent bien : ils sont 700 000 à venir chaque année s’alanguir sur les plages du Pacifique, débarquant par charters entiers à l’aéroport international de Liberia, le deuxième du pays. Pour ce que nous avons vu de la côte à proximité de la péninsule de Santa Rosa, au nord-ouest, les horreurs urbanistiques ont été évitées. Pas d’immeubles-hôtels défigurant le paysage mais plutôt des resorts « intégrés », impactant peut-être la nature mais avec douceur. Nous ne sommes pas à Cancún…

    Playa Panamá, parmi d’autres stations littorales, affiche ses établissements « bord de plage » avec une relative discrétion, à l’image d’El Mangroove. Quelques dizaines de mètres à peine séparent les chambres du sable sombre – terre volcanique oblige – et de la baignade en mer, dans une eau toujours chaude. Ceux qui ont fait trempette dans le Pacifique au Chili seront surpris de la différence… Au rayon des activités, nage, kayak et scooter des mers sont aisément praticables : Playa Panamá est au fond d’une baie, protégée des assauts de la grande houle Pacifique. Tout autour, d’autres plages affichent leurs petits restaurants locaux où l’on peut déguster d’excellents ceviches et poissons grillés. Des activités plus toniques sont aussi au programme. On ne sait pas si les Américains en profitent mais il existe des escapades en buggy qui valent tous les après-midis du monde au bord de la piscine.

    Piscine de l'hôtel El Mangroove, sur la côte Pacifique
    Piscine de l’hôtel El Mangroove, sur la côte Pacifique Philippe Bourget

    Pélicans volant dans l’azur infini

    Avec Buggy Tour (un prestataire local) direction les « hauts plateaux » de l’arrière-côte. Par des chemins poussiéreux, on grimpe depuis Playa Panamá à travers une végétation sèche à l’allure de savane épineuse. C’est la terre des immenses haciendas, ces fermes d’élevage bovin – en l’occurrence des zébus – étendues sur plusieurs centaines d’hectares. De ci, de là, quelques maisons éparses ponctuent le paysage. Des fermes plus importantes laissent voir leurs corrals, enclos de rassemblement des troupeaux.

    La côte Pacifique
    La côte Pacifique Philippe Bourget

    On y croise aussi un ou deux cavaliers à cheval, ces saboneros équivalents des cow-boys dont le travail consiste à conduire ou trier les zébus. Ce n’est pas tout. En s’enfonçant dans les chemins creux, on découvre deux lagunes à crocodiles, plans d’eau incongrus dans ce décor de western. Et puis arrive la récompense ultime… S’arrêtant net en bord de falaise, le chemin laisse place à un panorama gigantesque sur l’océan Pacifique, la côte rocheuse sinuant au nord jusqu’à la frontière du Nicaragua, les pélicans et les frégates volant dans l’azur infini… Inoubliable paysage d’autant plus remarquable que nous sommes seuls au monde. Le village où se trouve ce lieu magique se nomme El Triunfo. Un nom de baptême bien mérité.

    Saboneros, cow-boys local
    Saboneros, cow-boys local Philippe Bourget
  • Au Kenya, comment vivre autrement un safari

    Au Kenya, comment vivre autrement un safari

    1. Lac Naivasha, des oiseaux et des « hippos »
    2. Lac Nakuru, le sanctuaire lacustre et terrestre
    3. Ol Pejeta Conservancy, mémoires animales
    4. Ilmotiok et Tumaren Ranch, safari à pied avec les masai

    Lac Naivasha, des oiseaux et des « hippos »

    Vue sur le lac Naivasha Kirill – stock.adobe.com

    A deux heures de route au nord-ouest de Nairobi, ce grand lac d’eau douce de la vallée du Rift, à 1 900 m d’altitude, a des allures rassurantes de petite mer intérieure. Il ne faut pas s’y fier ! Des kenyans ont beau taquiner carpes et tilapias avec des cannes à pêche de fortune depuis les berges, le danger rode…

    Ibis hagedash dans des nénuphars Philippe Bourget | cms

    On s’en rend compte après avoir grimpé sur une embarcation pour aller explorer les rives. La navigation livre d’abord ce qui constitue l’attraction numéro un du lac : sa richesse ornithologique. Oscillant selon les saisons sèche ou pluvieuse entre 100 et… 1 000 km², le lac Naivasha est une arche de Noé pour l’avifaune.

    Philippe Bourget | cms

    Ici un kingfischer (martin-pêcheur) au plumage gris et blanc, veillant sur une tige de papyrus. Là, une cigogne placide et solitaire, bec jaune et œil cerné de rouge. Plus loin, un ibis hagedash dans des nénuphars, près d’un jacana d’Afrique à fines pattes et au plumage roux. Ailleurs, des cormorans et une grande aigrette blanche, séchant sur des arbres morts émergés. « Le niveau du lac a beaucoup baissé en ce début d’année. Il n’a pas assez plu en 2022 », déplore notre pilote.

    Soudain, devant nous, un hippopotame hisse son crâne hors de l’eau. Grosse tête brune, yeux aux aguets, oreilles dressées… Nous nous éloignons, rien n’est plus dangereux qu’un hippopotame solitaire s’estimant acculé… En remontant le long de la berge, nous repérons leur « village ». Cinq gros « hippos » pataugent dans les nénuphars, mastodontes d’Afrique aussi intimidants que les rhinocéros. A l’arrière, sur la terre ferme, des huttes d’habitation ne sont qu’à quelques dizaines de mètres…

    Hauts sur des branches d’acacias, des aigles pêcheurs à têtes blanches, indifférents au spectacle de ces colosses humides, surveillent leurs proies, prêts à plonger… On peut découvrir ce lac où peu de touristes s’aventurent depuis le Chui Lodge, un hébergement entouré d’une savane arborée devenue réserve privée où d’autres animaux, terrestres cette fois, attendent le visiteur.

    Lac Nakuru, le sanctuaire lacustre et terrestre

    De taille plus réduite que le précédent mais plus connu, le lac Nakuru, à deux heures de route au nord de Naivasha, doit sa réputation aux flamants roses qui l’occupent durant la saison des pluies, entre avril et juin. Ce sont alors des milliers d’échassiers qui viennent profiter des hautes eaux et du festin promis.

    La « ligne » de flamants roses et les zèbres Philippe Bourget | cms

    Totalement enserré dans le parc national du même nom, le lac Nakuru est un lieu fréquenté (nombreux véhicules sur les pistes) qui offre l’avantage de pouvoir observer des espèces d’oiseaux mais aussi quantité d’animaux terrestres, et pas des moindres ! Rhinocéros, babouins, zèbres, buffles, lions… ont élu domicile près du lac, point d’eau rassurant pour ces mammifères dans cette savane si aride.

    En longeant de bon matin la rive est du lac en 4X4, depuis le Sarova Lion Hill Game Lodge, grand resort aux bungalows étagés à flanc de colline, le spectacle animal est fascinant. Descendus de leur repaire de nuit, les zèbres se désaltèrent, pattes dans l’eau. A l’arrière, les buffles semblent attendre leur tour, impatients. Des babouins batifolent dans les herbes hautes. Quelques phacochères se baladent nonchalamment…

    Philippe Bourget | cms

    La veille au soir, des rhinocéros noirs et blanc se tenaient à quelques pas de là. Espèce menacée, une centaine d’entre eux a été réintroduit dans le parc de Nakuru et semble se porter à merveille. Dans la savane, des lionnes repues se reposaient au loin, à l’ombre d’un acacia. La vision des zèbres remontant des berges en file indienne et jaugeant longuement le danger avant de contourner les fauves est une scène qui restera gravée dans la mémoire.

    Plus près de l’eau, une autre forme de théâtre se joue. En ce mois de février, la grande escadrille des flamants roses n’est pas encore arrivée mais une ligne rose à la surface bleue du lac souligne la présence de centaines d’entre eux. Pélicans, marabouts, cormorans, hérons, rapaces et près de 500 autres espèces d’oiseaux cohabitent sur ces rives sanctuaires, à découvrir absolument.

    Ol Pejeta Conservancy, mémoires animales

    Il faut monter haut dans le nord pour rejoindre cette zone protégée du comté de Laikipia, un plateau de savane sèche à l’allure de Sahel kenyan. A plus de 4h de 4X4 de Nairobi, Ol Pejeta Conservancy est un ancien ranch exploité durant la période coloniale devenu une aire de préservation de la vie sauvage. Il abrite aussi un sanctuaire pour les chimpanzés – les seuls que l’on puisse voir au Kenya.

    Eléphants et zèbres dans la Ol Pejeta Conservancy Philippe Bourget | cms

    Propriété de l’organisation de protection de la faune sauvage Fauna & Flora International, la réserve s’étend sur plus de 350 km² et s’affiche comme le plus grand sanctuaire d’Afrique de l’Est pour les rhinocéros. Cerise sur la corne de l’animal, il abrite les deux derniers spécimens au monde de « rhinocéros blanc du nord ». On peut les voir dans leur enclos, au Morani Information Center, lieu pédagogique dédié à la connaissance de l’espèce et au travail dans la réserve.

    Près de là se trouve… le cimetière des rhinocéros. Sous un arbre isolé, 16 pierres tombales rendent hommage aux rhinocéros tués par des chasseurs dans la réserve lors d’un épisode sinistre de braconnage. Autre attraction : le Sweetwaters Chimpanzee Sanctuary. Etabli il y a 30 ans avec le Jane Goodall Institute et le Kenya Wildlife Service, il recueille et réapprend à vivre aux chimpanzés blessés, ou grandis en captivité. 30 d’entre eux semblent apprécier les soins prodigués, dans un parc d’1 km².

    Chambre sous toile de tente au Jumbo Mutara Camp Philippe Bourget | cms

    Le long trajet dans le bush pour rejoindre le Jambo Mutara Camp est ultra scénique. Tout en franchissant l’équateur, on croise des girafes, des éléphants, des zèbres, des antilopes, des buffles, une outarde kori hautes sur pattes, le splendide rollier à gorge lilas (oiseau national du Kenya) et, last but not least, quatre lionnes allongées dans l’herbe, repues après avoir dévoré un buffle. La nuit à Mutara Camp est savoureuse. Dominant la savane et un plan d’eau, on y observe les antilopes venues se rafraîchir. Avant de s’allonger sous des tentes de luxe en toile et de rêver au spectacle du lendemain.

    Girafe solitaire Philippe Bourget | cms

    Ilmotiok et Tumaren Ranch, safari à pied avec les masai

    Encore plus au nord dans le comté de Laikipia, voici Tumaren Ranch. Ce domaine de 42 km² de « savane libre » est détenu par un couple anglo-américain. Ici, pas de barrière ni de clôtures, le bush est libre de toute circulation. Au camp, on en prend plein les yeux dès les premières secondes : devant des tentes de toiles immenses au confort remarquable, des oryx font de la figuration, tandis que des éléphants s’abreuvent à une mare située derrière.

    Chez des éleveurs masai Philippe Bourget | cms

    Les animateurs du camp sont masai et vivent dans les environs. Tous ont revêtu leurs parures traditionnelles, colliers en perles colorées, bracelets, plumes sur la tête… Le soir pour rejoindre sa tente, il faut se faire accompagner par un garde, histoire de ne pas être surpris par un animal venu roder trop près.

    La valeur ajoutée du Tumaren Ranch, c’est le safari à pied. Nous grimpons sur une colline de grès couleur brun-ocre. Panorama infini sur le bush, où l’on aperçoit des zèbres de Grévy et des girafes réticulées. Le jour suivant est consacré à la marche. Visite d’une communauté villageoise au bourg d’Ilmotiok, trois à quatre huttes en pisé et des enclos à chèvres protégés par des barrières de buissons, aménagées pour éviter les intrusions animales – le lion, la hyène…

    Oryx et éléphants devant le Tumaren Camp Philippe Bourget | cms

    Là habitent des éleveurs semi-nomades masai. Ils vivent de la vente de leurs bêtes et utilisent encore des herbes locales pour se soigner. Le puits est à 10 km, l’école à 3 km. Les enfants s’y rendent à pied et doivent faire attention aux éléphants et aux buffles. Préoccupations africaines…

    Dans la savane… Philippe Bourget | cms

    Une longue randonnée pédestre nous mène jusqu’à un campement provisoire. Les masai qui nous accompagnent voient souvent les animaux en premier : girafes, autruches, phacochères, babouins… Le sol parle, aussi. Traces d’éléphants, griffures du honeybadger, (genre de porc-épic), trou d’araignée… La nuit au campement sera bercée par ces découvertes et par le cri à deux tons de la hyène. Le Kenya en vrai, en dehors des parcs…

  • Couleurs Egyptiennes : entre mer et temples au printemps

    Couleurs Egyptiennes : entre mer et temples au printemps

    Hurghada, Safaga, Taba, Sharm-el-Sheikh, Marsa Alam… Les stations balnéaires d’Egypte ont depuis longtemps acquis une solide réputation. A 5h de vol de Belgique, elles garantissent en hiver une échappée ensoleillée et économique, le coût de la vie en Egypte étant tout à fait abordable pour un Européen. Au printemps c’est également une destination idéale. Placées au centre de la côte de la Mer Rouge, Hurghada et Safaga sont aux antipodes l’une de l’autre. La première est une immense ville et station balnéaire, animée et festive, parfaite pour les amateurs de distractions. La seconde est une « ville-village » égyptienne plus intimiste, hot spot des plongeurs et des kite surfeurs. Deux ambiances, deux styles ! Mais Safaga offre un autre intérêt : elle est placée à l’endroit précis où la mer Rouge est la plus proche du Nil. L’excursion à la journée vers la vallée et ses temples est très facile à réaliser.

    Safaga, ambiance village eau bord de la mer Rouge

    Bourgade ayant grandi vite, Safaga n’est pas à proprement parler une station esthétique. Mais elle offre l’avantage d’un séjour apaisé, loin de la tonitruance d’Hurghada.

    Les bateaux de pêche à Safaga
    Les bateaux de pêche à Safaga Vacancesweb.be

    « Safaga, c’est Hurghada il y a 30 ans ! ». C’est ainsi que beaucoup de touristes en vacances à Safaga nous ont présenté la station. Calmement posée au bord de la mer Rouge 60 km au sud de sa voisine, Safaga est restée dans son jus égyptien. Une ville-village ni belle ni laide, allongée sur plusieurs kilomètres, avec une jolie petite mosquée au minaret bleu, le fatras habituel des échoppes alimentaires et quelques barques de pêche fatiguées. C’est aussi un important port de commerce. Escale pour des navires marchands sur la route maritime entre Asie et Europe, il est également un port d’embarquement pour l’Arabie Saoudite. Le port saoudien de Duba, sur la rive droite de la mer Rouge, se trouve à environ 5 h de ferry. L’ouverture progressive au tourisme du grand voisin wahhabite pourrait d’ailleurs offrir ces prochaines années une nouvelle impulsion à Safaga.

    Resorts tranquilles les pieds dans l’eau

    La ville n’est pas une station tout à fait comme les autres. Au fil du temps, elle s’est transformée en spot touristique pour une clientèle constituée essentiellement de plongeurs et de kite surfeurs (voir plus loin). Les resorts pieds dans l’eau y sont rares mais tranquilles. Citons le Shams Safaga Beach Resort, le meilleur hôtel au cœur de la station. Il propose plus de 300
    chambres et bungalows et dispose de jardins, d’un spa et d’une plage privée. Le Lotus Bay est aussi un bel hôtel 4* de front de mer, avec 224 chambres équipées de balcons ou de terrasses. Piscines extérieures, restaurants, bars, plage privée… le confort est au rendez-vous, à partir de 65 € la nuit. L’hôtel se
    trouve dans la petite enclave balnéaire de Soma Bay, légèrement au nord de la
    station. Là se trouvent aussi de « grands paquebots » de l’hébergement balnéaire, un Sheraton, un Kempinsky, un Mövenpick…

    Lotus Bay Hôtel à Safaga
    Lotus Bay Hôtel à Safaga Vacancesweb.be

    Safaga, un hot spot pour plongeurs et kite surfeurs

    Safaga est réputée pour son vent et ses sites sous-marins. Elle draine de novembre à mars les adeptes de ces deux disciplines, séduits par la beauté des fonds et la qualité des spots de kite.

    Au large de Safaga sur un site de plongée
    Au large de Safaga sur un site de plongée Vacancesweb.be

    Le vent fort qui souffle régulièrement à Safaga n’est pas pour rien dans la réputation de la station. Side-off (vent diagonal), rafales de rivage, vents thermiques… les « stats » de vent à Soma Bay-Safaga affolent les compteurs et participent à son attrait auprès des « kiteurs » de l’Europe entière. Soma Bay, Tobia Island et le lagon de Safaga sont des plans d’eau mondialement réputés, avec des zones réservées à la pratique des débutants ou des pratiquants confirmés. De mi-novembre à mars, le vent souffle plutôt en rafales mais les températures de l’air et de l’eau restent bonnes. La communauté des kite surfeurs est bienvenue à Safaga où elle possède ses habitudes. D’autres activités nautiques ont aussi droit de cité dans la station, à l’image du windsurf et du wakeboard.

    Day Dive ou croisières plongée

    Réputés pour la beauté des récifs, de la faune (poissons, tortues, dauphins…) et pour l’intérêt de ses épaves, les sites de la baie et en pleine mer sont fréquentés toute l’année par les plongeurs en bouteilles. Tobia Arba, Gamul Kebir, Panorama Reef, Abu Kefan… il y en a pour tous les niveaux. On peut choisir l’option day dive (sorties à la journée – le club 3Turtles est l’un des
    plus réputés) ou la croisière-plongée d’une semaine. Quelques clubs de qualité
    sont gérés par des Français, à l’image de Seafari (basé à Hurghada). Ultramarina, voyagiste spécialiste de plongée sous-marine et notamment de l’Egypte propose aussi des séjours et des croisières à Safaga.

    Que ceux qui n’aiment pas le néoprène et l’équipement technique se
    rassurent : le snorkelling se pratique aussi assidument à Safaga. Même vue
    au ras de l’eau, la beauté de la faune sous-marine et des coraux est intacte. Conséquence de cette fréquentation communautaire et des goûts simples souvent affichés par les plongeurs, beaucoup d’hébergements sont constitués d’appartements à louer ou de petites pensions. A l’image du très convivial L’Oasis de Safaga, un lieu avec seulement neuf chambres mais dont les dîners en terrasses sur des poufs drainent tout ce que la ville compte d’hommes et de femmes plongeurs…

    Site de plongée au large de Safaga
    Site de plongée au large de Safaga Vacancesweb.be

    Le Nil et ses temples à portée de route

    Depuis Safaga, on peut aisément se rendre dans la haute vallée du Nil. Une option intéressante pour une séquence culturelle lors d’une excursion à la journée.

    Entrée du site de Denderah
    Entrée du site de Denderah Vacancesweb.be

    Peut-on mêler détente balnéaire et culture en Egypte ? Oui, en séjournant à l’endroit précis où la mer Rouge est la plus proche du Nil et des temples de Louxor. C’est-à-dire à Safaga, située à 2h de route du grand fleuve et à 3h du complexe religieux de Karnak. La station balnéaire se trouve précisément
    à 160 km de Qena, au bord du Nil, et à 230 km de Louxor. En lien avec les
    hôtels, des agences de voyages locales proposent l’excursion à la journée, avec une prise en charge en bus très matinale (comme El-Mallah). Il est aussi possible de négocier la sortie avec un prestataire privé disposant d’un véhicule. Cette option offre plus de souplesse si l’on est en couple ou jusqu’à 3 à 4 personnes. Le trajet sur une belle route asphaltée est splendide. Les check-points sont encore nombreux mais on ne circule plus en convois comme auparavant.

     

    Au milieu de nulle part

    Au milieu du néant, on longe des montagnes rougeoyantes décharnées,
    des déserts de pierre et des plateaux de roches blanches. On y croise de rares
    restaurants et stations-services, ainsi que des troupeaux de chèvres menés par des bergères voilées. A Qena, ville de 200 000 habitants, aucun
    touriste : si vous êtes avec un chauffeur privé, vous pourrez lui demander
    d’aller visiter les souks, la mosquée et une église copte. Souvent, par
    règlement plus que par réelle sécurité, un véhicule de la police vous
    accompagne. L’avantage de Qena : c’est l’Egypte profonde et authentique.
    Les bords du Nil, eux, sont déserts. Mais vous voilà enfin devant le grand
    fleuve africain ! Ceux qui ne vont pas jusqu’à Louxor se contenteront depuis
    Qena de visiter le temple de
    Dendérah, à 5 km.

    Désert près de Safaga
    Désert près de Safaga Vacancesweb.be

    Déserts de pierre et Grand Temple d’Hathor

    Perdu dans un désert de rocaille, ce complexe est relativement oublié des touristes. Presque intact, c’est l’un des ultimes édifices de l’Egypte ancienne, datant du début de la période ptolémaïque. Bâti dans une enceinte de remparts en briques percée de hautes portes, le Grand Temple d’Hathor de Dendérah séduit par la profusion de ses décors. La salle hypostyle est particulièrement riche, avec ses énormes colonnes sculptées et son plafond décoré de scènes de la vie quotidienne. Dans les chapelles, l’art de la civilisation égyptienne s’exprime avec une grâce infinie. La crypte souterraine porte aussi des décorations murales. A l’extérieur, le site abrite le petit temple d’Isis et un bassin hors d’eau planté de palmiers. Un avant-goût prometteur de la Vallée des Rois pour ceux qui veulent aller plus loin.

    Grand temple d'Hathor
    Grand temple d’Hathor Vacancesweb.be

    Dans la « fureur » d’Hurghada

    La grande station balnéaire du centre Egypte n’a rien perdu de sa vivacité. Au contraire, les projets immobiliers et hôteliers semblent flamber. Un choix à recommander quand on aime le divertissement… même sous Covid-19.

    Hurghada
    Hurghada Vacancesweb.be

    Une fois habitué à la nonchalance de Safaga, difficile d’apprécier
    le brasier d’Hurghada ! Il faut se rendre malgré tout dans ce bronzodrôme du tourisme international, histoire de constater les dégâts causés par la fréquentation de masse et de s’apercevoir que ce secteur d’activité est toujours vivace. Dans une station balnéaire qui a traversé une longue phase de dépression, pour cause de sentiment d’insécurité, le renouveau est visible. Preuve du regain d’énergie, flagrant jusqu’à la crise du coronavirus : le nombre de nouvelles résidences en construction est important. Au sud d’Hurghada, le secteur de Makady est déjà saturé d’hôtels-resorts. Au nord, Hurghada et El Gouna ne formeront bientôt plus qu’une seule longue agglomération balnéaire.

     

    Le trajet par Sheraton Road entre l’hôtel Marriott et la grande mosquée
    Al Mina
    – seul site vraiment plaisant au sud de la ville -, en dit long sur les aléas traversés par Hurghada. Après le Printemps arabe, puis l’attentat en 2015 contre un avion russe à Sharm el-Sheikh, le crash du tourisme en Egypte s’est accompagné du délitement des installations. Hôtels fermés à la va-vite et abandonnés, tags et ruines, le spectacle à Hurghada est parfois désolant. Pourtant, entre deux édifices bancals, des projets émergent. Moon Land Village (food court, studios et shopping mall) et Aqua Fun (beachfront residential compound) en sont deux exemples parmi d’autres.

    Complexe hotelier à Hurghada
    Complexe hotelier à Hurghada Vacancesweb.be

    La marina, havre de tranquillité

    Dans cette ville tentaculaire où les repères sont rares, la marina aménagée non loin de la mosquée El Mina constitue un havre de tranquillité bienvenu. L’accès s’effectue près du marché aux poissons, un lieu de vie 100% égyptien. S’y échangent les prises débarquées d’embarcations sommaires à la peinture bleue, amarrées à deux pas. Quel contraste saisissant avec cette marina aseptisée et sécurisée ! Elle aligne le long de quais occupés par des yachts clinquants une batterie de restaurants, cafés et concept-stores aux standards internationaux. Le symbole d’une méga-station où tout est conçu pour la récréation.

    La Mosquée Al Mina à Hurghada
    La Mosquée Al Mina à Hurghada Vacancesweb.be

    Egypte infos pratiques

     

    Le Nil à Qena
    Le Nil à Qena Vacancesweb.be

    Site web

    Office de tourisme égyptien : egypt.travel/fr

    Formalités

    Passeport en cours de validité. Visa à payer à l’arrivée à l’aéroport d’Hurgahda (environ 23 €, en espèces).

    Monnaie

    1 € = env. 19 Livres égyptiennes.

    Décalage horaire

    1 € = env. 19 Livres égyptiennes.

    Climat

    + 1 h en hiver.
    Eviter les fortes chaleurs d’été. Le printemps, l’automne et même l’hiver sont les périodes les plus favorables au bord de la Mer Rouge.