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Author: Christiane Goor

  • Bordeaux a le vent en poupe et pas uniquement pour ses grands crus

    Bordeaux a le vent en poupe et pas uniquement pour ses grands crus

    C’est en remontant la Garonne que nous avons découvert la ville qui se dévoile tel un immense décor de théâtre avec un impressionnant alignement de bâtiments dans le grand style du 18ème siècle.

    Découverte de la rive gauche depuis les berges sauvages de la rive droite Charles Mahaux

    Le Port de la Lune

    Quand on prend un peu de hauteur on réalise que les quais sont incurvés autour d’un méandre en forme de croissant de lune que dessine ici la Garonne. C’est certainement pour cette raison que les hommes se sont installés là il y a plus de 2000 ans. Cet arrondi casse le courant du fleuve et protège les bateaux du mascaret, un phénomène naturel qui se produit lors des grandes marées, remontant le fleuve depuis l’Atlantique sur plus de 100 km.

    Animation sur le Port de la Lune en face du Jardin des Lumières Charles Mahaux

    La ville a acquis son rayonnement avec le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri Plantagenet en 1152, une union qui favorise les relations maritimes avec les îles britanniques et les pays nordiques. Après une mise en sourdine suite à la reconquête française au 15ème siècle, il faut attendre le 17ème avec le développement du commerce triangulaire colonial pour que le port de Bordeaux devienne le premier port de France et le deuxième port mondial après Londres. Il approvisionne l’Europe en café, cacao, sucre, coton et indigo et exporte ses vins. Aujourd’hui le dernier cargo a largué ses amarres en 1987 et le port autonome occupe désormais une place secondaire à l’échelle nationale

    Cependant le Port de la Lune accueille encore une cinquantaine de navires de croisière qui offrent ainsi une vue imprenable sur la ville à leurs passagers qui peuvent visiter aisément à pied tout le cœur historique. D’autres bateaux, comme des voiliers ou des yachts font également escale à Bordeaux.

    Place de la Bourse Charles Mahaux

    Première balade le long des quais

    La somptueuse place de la Bourse érigée en front de fleuve avec son plan symétrique typique de l’architecture classique témoigne de l’importance du port de commerce dans la prospérité de la ville. Jadis la place fermée avec des grilles abritait la douane et la bourse maritime, créant un balcon sur la Garonne d’où l’on pouvait apercevoir la forêt de mâts des nombreux navires qui mouillaient dans le port. Aujourd’hui la grille a disparu et une immense dalle de granit dessine un vaste miroir d’eau dans lequel se reflète la superbe façade de la place de la Bourse. Petits et grands y jouent avec plaisir, y dansant ou s’éclaboussant.

    Une des vastes pelouses du Jardin public Charles Mahaux

    Il suffit alors de descendre le cours du fleuve en traversant d’abord des jardins abondamment fleuris entre lesquels se nichent les amoureux. Sur la gauche surgissent deux colonnes rostrales qui ouvrent l’accès à une place, la plus vaste de France, l’esplanade des Quinconces bordée de hauts arbres plantés en quinconce, ceci explique cela. Au-delà, la promenade se poursuit sur les quais des Chartrons remarquablement aménagés pour permettre à tous d’y déambuler en toute sécurité. Un large couloir est réservé aux piétons tandis qu’un autre est dédié aux vélos et aux trottinettes. Des jeux pour enfants et un skate-park aux beaux volumes ont été créés là où jadis se trouvaient des entrepôts. L’abandon du port et la destruction des hangars offrent aujourd’hui un rapport direct entre la façade des anciennes maisons bourgeoises des négociants et le cours de la Garonne.

    Les colonnes rostrales, esplanade des Quinconces Charles Mahaux

    C’est ici, au cœur de l’ancien fief du commerce viticole, que s’est installé le Musée du Vin et du Négoce. Il occupe dans le quartier des Chartrons le rez-de-chaussée et les vastes cours voûtées d’un bâtiment du 18ème siècle. L’occasion d’apprendre que toute la vieille ville était construite sur pilotis. L’intérêt du lieu réside dans le fait qu’il n’a jamais cessé d’être une maison de négoce et s’inscrit donc dans une démarche historique. En effet à l’issue de la visite vient le moment de la dégustation aménagé dans l’ancienne tonnellerie et bien sûr l’occasion de repartir avec une bouteille sous le bras !

    L’insolite Cité du Vin telle une vigie sur la Garonne Charles Mauhaux

    www.museeduvinbordeaux.com

    Le patrimoine à l’honneur dans le cœur historique

    Il faut prendre le temps de flâner dans le quartier des Chartrons en levant le nez pour y découvrir des balcons sur trompes et de nombreux mascarons, autant de visages de pierre sculptés surgissant à la clef de voûte des arcades. Ils sont la signature de Bordeaux. La rue Notre-Dame est le plus bel itinéraire qui traverse le quartier jusqu’à l’esplanade des Quinconces. On y trouve de nombreux antiquaires et des brocanteurs mais aussi des commerces de proximité et des boutiques branchées et surtout de jolies terrasses tirées sur la rue.

    Le quartier convivial de la rue Notre-Dame Charles Ma

    Remontons la place des Quinconces vers l’impressionnante fontaine du monument aux Girondins encadrée par une profusion de statues dont l’Ange de la Liberté brisant ses chaînes au sommet de la colonne. Il ne reste plus qu’à rejoindre la place de la Comédie et son emblématique Grand Théâtre avec le long péristyle de la façade supporté par 12 colonnes corinthiennes surplombées de statues antiques. La place est aussi une des trois pointes du fameux Triangle de Bordeaux bordé par le cours piétonnier de l’Intendance, le cours Georges Clémenceau et les allées vertes de Tourny.

    La statue monumentale signée Jaume Plensa à l’entrée de la rue Ste-Catherine Charles Mahaux

    La longue rue Sainte-Catherine, tout aussi emblématique pour être le lieu incontournable des fans de lèche-vitrines, s’ouvre sur la place de la Comédie après avoir traversé sur plus d’un kilomètre le quartier Saint-Pierre dans lequel il faut se perdre car il retient encore l’âme du vieux Bordeaux avec des façades qui s’échelonnent entre les 15ème et 18ème siècle : cariatides, bas-reliefs, ferronneries attirent le regard mais surtout son ambiance bon enfant avec ses rues semi-piétonnes, ses terrasses et ses boutiques en vogue. La médiévale monumentale porte Cailhau a survécu, elle servait jadis d’entrée royale vers la conviviale place du Palais où les hôtels particuliers du 18ème s’entourent de terrasses de café ombragées par des érables.

    Moment de pause des étudiants dans le Jardin des Lumières Charles Mahaux

    Le passé recomposé

    Durant les 15 premières années de ce siècle, Bordeaux a subi un grand lifting en ravalant la surface de ses murs pour laisser apparaître ses façades blondes et mieux souligner ainsi l’extraordinaire unité urbaine et architecturale classique et néo-classique qui a présidé à la construction et au développement du Port de La Lune.

    Mais il est aussi une autre manière d’animer la ville en transformant pour les réemployer des bâtiments vétustes ou devenus hors service. C’est ce qui est arrivé dans le quartier de Bacalan ou des Bassins à Flots, créés entre 1869 et 1911 qui ont prospéré jusqu’aux années 1930 avant d’être occupés par les forces allemandes qui y construisirent une base sous-marine qui est devenue un gigantesque espace culturel dont la vedette sont les Bassins de Lumières, le plus grand centre d’art numérique au monde dont les projections temporaires habillent de façon féerique les anciennes alvéoles. Nous y avons découvert l’exposition immersive consacrée à Gaudi et à Dalí. Une expérience saisissante ! www.bassins-lumieres.com

    Depuis le nouveau quartier des Hangars vue sur le pont Jacques Chaban-Delmas Charles Mahaux

    Le point d’orgue de la réhabilitation du quartier est l’installation de la Cité du Vin qui semble servir de vigie au bord de la Garonne. Dans un édifice tout en courbes, en verre et en aluminium dont la forme évoquerait un cep de vigne noueux à moins que ses rondeurs ne soient inspirées par le mouvement du vin dans une carafe, ce bâtiment est un temple dédié au vin qui est abordé de manière sensorielle, historique, culturelle, géographique, etc. en parcourant des espaces thématiques qui se découvrent avec un audio-guide que l’on active soi-même. Il y a tant à voir qu’il vaut mieux se laisser guider selon les intérêts particuliers et en tout cas terminer par le belvédère situé au 8ème étage où le billet d’entrée donne droit à la dégustation d’un verre de vin tout en profitant d’une vue exceptionnelle panoramique sur Bordeaux et son fleuve www.laciteduvin.com

    L’insolite Cité du Vin telle une vigie sur la Garonne Charles Mauhaux

    La Rive droite, d’un pont à l’autre

    Quand on passe un dimanche à Bordeaux il faut le vivre comme les Bordelais qui s’offrent un vrai bol d’air sans pour autant quitter leur ville. Il suffit de traverser le pont Jacques Chaban-Delmas et de longer la rive droite de la Garonne. Champs de vignes puis friche industrielle, cette zone a longtemps été boudée par les Bordelais mais des réaménagements urbains dans ce quartier appelé La Bastide et surtout la création d’espaces verts qui se succèdent sur les berges pour donner vie à des paysages naturels ont ramené les habitants sur cette rive. Il faut dire qu’elle offre une des plus belles vues sur le patrimoine historique de Bordeaux.

    Sur la place Pey-Berland, la cathédrale St-André et son campanile Charles Mahaux

    L’Espace Darwin a investi une ancienne caserne désaffectée pour y créer une expérience sociologique multiforme en attirant autant de profils différents que de projets novateurs : skateurs et passionnés de street-art, entrepreneurs de la green économie, fans de musique électro, défenseurs de la biodiversité et les « bruncheurs » bio du dimanche !  « Darwin est une place de village dans la ville de Bordeaux rive droite » explique son fondateur Philippe Barre.

    Le pont de pierre, le plus vieux pont de Bordeaux Charles Mahaux

    Quand on poursuit la balade le long des berges on atteint la place Stalingrad reconnaissable à sa statue d’un lion bleu, juste en face de l’élégant pont de pierre, le premier pont inauguré à Bordeaux en 1822 qui a permis de rallier les deux rives de la Garonne en une même cité. On le doit à Napoléon et ses 17 arches sont un clin d’œil au nombre de lettres figurant dans le nom de Napoléon Bonaparte. Aujourd’hui il est réservé aux piétons, aux cyclistes et aux transports en commun. Il débouche rive gauche sur la porte de Bourgogne, un édifice au style néo-classique dont la sobriété rappelle davantage une arche monumentale. D’un côté on pénètre dans le quartier cosmopolite de Saint-Michel, de l’autre on retrouve le quartier Saint-Pierre. La boucle est bouclée.

    Le quartier convivial de la rue Notre-Dame Charles Mahaux
  • Testé pour vous : croisière en Patagonie à bord l’Exploris One

    Testé pour vous : croisière en Patagonie à bord l’Exploris One

    Une croisière d’expédition, la vocation de l’Exploris One

    Construit en 1989, rénové en 2018 et en 2023, l’Exploris One, (homologuée classe Glace 1A) est le bateau idéal pour explorer les contrées glaciaires et avec sa petite taille (108 m sur 16m), il peut se faufiler là où n’iront pas les gros navires. Ce type de croisière vous lance à la découverte de régions sauvages, isolées, souvent inaccessibles par la route. Une flottille de zodiacs permet le débarquement des passagers en petits groupes d’une dizaine de personnes sous la houlette d’un accompagnateur expert, que ce soit pour accoster sur un rivage ou pour une croisière d’approche vers un glacier par exemple. Pas de longue fille, tous les passagers sont quasiment sortis en même temps.

    L’Exploris One dans un décor de glace flottante Charles Mahaux

    Le luxe de la simplicité

    A bord, on trouve tout le luxe offert par des croisières traditionnelles, à savoir une cuisine gastronomique, un centre de fitness, un espace bien-être, des jacuzzis sur la proue à l’abri du vent derrière des auvents transparents et des cabines confortables parfaitement équipées. Comme les bateaux sont plus petits, l’ambiance est plus intimiste et la même passion semble animer tous les passagers de ce voyage, la découverte de ces paysages lointains qui sont parmi les dernières étendues vierges du globe. Magellan a ouvert la route liquide qui a permis de relier les deux océans mais les terres d’une âpreté sans pareille restent infranchissables.

    Enfin comme ces voyages sont conçus par et pour des amoureux de la nature, tout est mis en œuvre pour minimiser l’impact sur l’environnement. Si la priorité est donnée à l’exploration au sens noble du terme, la protection de l’environnement et de ses richesses est aussi un moteur de ce type de croisière. L’Exploris utilise ainsi un combustible très raffiné et léger et ne dégage aucune fumée même blanche. Il est temps de larguer les amarres !

    Un zodiac longe la falaise où se prélassent des lions de mer Charles Mahaux

    L’aventure commence à Valparaiso

    Les fjords chiliens encastrés dans la Cordillère des Andes côtière qui égrène son chapelet de sommets de 3000m en toile de fond sont aussi spectaculaires que ceux de l’Alaska ou de la Norvège. De plus l’itinéraire est plus diversifié, nous sommes passés de 30° à Valparaiso à 4° 13 jours plus tard quand nous avons débarqué à Ushuaïa, ce qui implique aussi tous les dégradés de végétation.

    Le glacier Pio XI, le plus grand de l’hémisphère sud Charles Mahaux

    La croisière a commencé avec deux jours en mer pour parcourir les 1200 km qui devaient nous mener à l’archipel de Chiloé. L’océan qui n’a de Pacifique que le nom nous a offert ses creux de 4 mètres, de quoi nous sentir bien vivants ! C’est qu’il faut aussi s’accoutumer au rythme de la mer et si certains s’amarinent rapidement, ce n’est pas le cas de tous. Un conseil, consultez votre pharmacien pour emporter des bracelets anti-nausées ou des patchs anti mal de mer bien utiles en cas de houle prolongée. Le programme sera d’ailleurs revu l’année prochaine pour qu’il y ait moins de jours en mer.  L’embarquement se fera sans doute à Punta Arenas, capitale de la Patagonie chilienne, avec une navigation, à définir encore, au cœur de cet incroyable fouillis d’îles qui festonnent la côte chilienne sur près de 2000 km.

    L’incursion sur la côte Est de l’île de Chiloé nous a amenés dans des eaux paisibles et la première escale à Castro, capitale de l’île, nous a permis de comprendre combien sa condition insulaire a permis à l’archipel de préserver les vestiges de son passé. Ici subsistent encore les palafitos, ces maisons de pêcheurs sur pilotis qui s’étirent le long de l’estuaire de la rivière Gamboa où vivent de nombreux cygnes à col noir, à l’affut des restes de poissons déversés dans l’eau.

    Lever de soleil sur Ushuaïa Charles Mahaux

    Seconde escale le lendemain au cœur de la caleta de Tortel, au fond d’un estuaire au bleu laiteux, le dernier village que la route australe, une piste caillouteuse, permet d’atteindre au Chili. Un village insolite de quelque 500 habitants perché sur des échasses avec un réseau de près de 8 km de pontons, passerelles, escaliers et ruelles suspendues longées par des maisonnettes toutes en bois qui se hissent sur les pentes noyées de fuchsias roses qui font le   délice des colibris.

    La Patagonie et son dédale d’îlots

    La Patagonie est une région immense qui englobe le sud de l’Argentine et du Chili. A l’inverse du côté argentin plus vaste avec des paysages variés entre des fjords andins, des lacs de montagne et les plaines désolées de la pampa, la Patagonie chilienne est une bande de terre longue, étroite, essentiellement montagneuse appelée Magallanes du nom du navigateur portugais passé au service de la couronne d’Espagne qui est le premier à reconnaître ces côtes en 1520.

    Torres del Paine, région des Magallanes Andres Briones

    Une chose est sûre, le paysage brut que nous découvrons en navigant au fil d’une partie du détroit de Magellan puis ensuite du canal Beagle qui nous mène à Ushuaïa n’a pas changé depuis des siècles. Sans aucun doute est-ce une des dernières étendues vierges du globe qui s’étire sur près de 2000 km, morcelée en un puzzle d’îles et de chenaux parfois bordés par des forêts primaires infranchissables d’hêtres aux branches tortueuses courbées par les vents. Ici les Andes chutent abruptement dans l’Océan, laissant des sommets immergés creusés par des fjords débouchant sur des glaciers suspendus qui craquent avant de déverser des morceaux de glace.

    Face à face insolite avec le glacier Aguila Charles Mahaux

    De glacier en glacier

    Le glacier Pio XI est le plus vaste de l’hémisphère sud si on exclut l’Antarctique avec une longueur de 64 km. C’est en zodiac que l’on s’approche du géant de glace colossal en écartant des centaines de glaçons que le soleil fait miroiter. Un face-à-face qui nous laisse tous silencieux, ébahis par la puissance de la nature. Le lendemain, nous découvrons à pied le glacier Amalia après un débarquement au ras de l’eau sur une plage de galets hérissée des icebergs qui s’y sont échoués après avoir été vêlés par le glacier. Un autre jour nous débarquons en zodiac pour une promenade, les bottes dans l’eau, autour d’un lagon formé par la fonte du glacier Aguila, un immense bloc de glace au cœur de la cordillère de Darwin, dans un éblouissant décor de montagnes enneigées survolées par des condors.

    Le glacier Garibaldi expulse des icebergs Charles Mahaux

    Dernier glacier approché en zodiac, le Garibaldi au fond d’un fjord du même nom, une immense paroi glacée aux nuances de saphir caractérisé par une moraine médiane qui montre que ce glacier est né de la jonction de deux flux de glace distincts. Le fjord élève ici de hautes parois sillonnées par des cascades d’eaux vives et la flore trouve le moyen de prospérer dans cet environnement rocailleux qui accueille des colonies de cormorans et même un harem de lions de mer autour d’un mâle puissant nullement impressionné par notre passage silencieux en bordure de la falaise, que ce soit en zodiac ou en kayak.

    Une croisière francophone

    Philippe Videau, qui peut se targuer d’une longue expérience dans le domaine puisqu’il a été un des cofondateurs du croisiériste français d’expédition Ponant dont il a été président durant une vingtaine d’années avant de le quitter pour réitérer l’aventure avec la fondation en 2021 d’une nouvelle compagnie 100% française, Exploris, assume totalement ce choix qui assure à tous les passagers (français, belges, luxembourgeois et suisses) de pouvoir à la fois s’exprimer dans sa langue et entendre toutes les conférences essentielles à l’appréhension de l’environnement qu’on aborde.

    La timonerie de l’Exploris One Charles Mahaux

    En dehors de celles-ci délivrées par les experts de l’équipe de l’expédition (naturalistes, géologues, glaciologues) et des sorties quotidiennes, les liens se sont noués entre les passagers qui partagent leurs journées entre le salon d’observation à l’avant du bateau et les ponts panoramiques d’autant qu’il est possible de faire le tour intégral du pont 6 pour un total de 202 mètres, idéal pour se dégourdir les jambes tout en s’immergeant dans le paysage. Sans oublier bien sûr le restaurant qui offre des menus d’exception entre cuisine française et spécialités locales alimentées par les saumons et fruits de mer de la région, un incontournable rendez-vous gourmand tout en gardant un œil sur les berges des canaux empruntés.

    Confortable cabine standard Charles Mahaux

    Les journées sont longues ici dans l’été austral et plus on descend vers le grand sud plus le coucher de soleil tombe tard, bien après 22h, de quoi nous garder les yeux rivés sur cette nature vierge, puissante et sauvage, et même si on admire Magellan, Darwin ou Cook qui ont affronté le même environnement, on se sent terriblement chanceux de naviguer sur leurs traces dans un bateau qui offre autant de confort et de sécurité.

    Jusqu’à la mi-mars, Exploris One continuera à voguer entre la péninsule antarctique et les îles Malouines avant de traverser l’Atlantique vers le Sénégal, les Bijagos, le Cap Vert et les Açores. En été il remontera vers les îles britanniques avant d’aborder le grand Nord avec le Spitzberg, l’Islande, Le Groenland et l’Arctique canadien jusqu’au Saint-Laurent.

  • Maurice, pourquoi découvrir cette île noyée de vert et de bleu

    Maurice, pourquoi découvrir cette île noyée de vert et de bleu

    Petit topo historique

    Maurice baigne au cœur de l’océan Indien, le plus tiède des océans, et elle doit sa notoriété pour avoir été jusqu’à la création du canal de Suez en 1869 une étape stratégique sur la route des Indes.

    Gravure du quai en bois de Port Louis, bâtiment des marchandises et des douanes (1861)

    Les premiers à s’y installer sont les Hollandais à la fin du 16ème siècle qui y développent un marché d’esclaves. Au début du 18ème siècle, ils quittent volontairement l’île, abandonnant une population métissée mais ils sont remplacés par les Français qui prennent possession des lieux et de nouveaux esclaves en provenance du Sénégal et de la Guinée y sont acheminés. Du contact entre les colons français et leurs esclaves naît le parler créole. En 1810 les troupes britanniques envahissent l’île mettant fin à l’occupation française, tout en autorisant les grands propriétaires fonciers franco-mauriciens à poursuivre l’exploitation de la canne à sucre, sauvegardant ainsi la langue française et le créole. Quand l’île perd sa position stratégique avec l’ouverture du canal de Suez, les exportations reculent, la pauvreté s’accroît, de plus la malaria ravage le pays. Au début du 20ème siècle la population mauricienne n’atteignait plus que 350000 habitants ! En 1992 Maurice devient une république indépendante, aujourd’hui sa population s’élève à quelque 1300000 habitants et il n’y a plus de recensement au nom de l’origine ethnique ou de la couleur de la peau, ils sont tous Mauriciens et fiers de l’être.

    Plage de Belle Mare Charles Mahaux

    Les plus belles plages de l’océan indien

    La chance de cette petite île, à peine 65km du Nord au Sud et 48km d’Est en Ouest, c’est la barrière de corail qui la ceinture, la protégeant de la houle qui s’écrase sur les récifs tout en créant un lagon aux eaux turquoise chaudes et sûres qui lèche les plages. Sable doré et palmiers ondoyants, fonds marins multicolores, horizon flamboyant au lever ou au coucher du soleil, tous les clichés d’une carte postale sont réunis à Maurice. Le plus difficile est de choisir son camp de base !

    Vue sur le Morne Brabant et la baie de Tamarin Charles Mahaux

    La beauté des lagons transforme la plongée et le snorkeling en une immersion dans un univers de rêve auprès des rascasses volantes, des grondins et des poissons flûte qui peuplent le lagon. Sur la côte Ouest et plus particulièrement au départ des plages de Flic-en-Flac ou de Tamarin, offrez-vous l’expérience unique de saluer des dauphins à long bec dans leur cadre naturel et si vous le souhaitez, vous pourrez même nager à leur côté. Nous n’avons pas eu cette chance car c’était une baleine qui nous est apparue. Elle s’était engagée dans la zone à la recherche de planctons et sa seule présence a suffi à faire fuir les dauphins. Rencontre magique !

    Le mont de la Tourelle dans la baie de Tamarin Charles Mahaux

    Cette sortie en bateau très matinale permet aussi de faire une escale sur l’île vierge Aux Bénitiers où on se la joue Robinson pour quelques heures de bonheur sur cette langue de sable paradisiaque. L’eau ici est translucide et avec un peu de chance on y croise des pêcheurs de poulpe en paddle. Non loin de là une insolite formation de corail semble flotter en lévitation au-dessus de l’eau cristalline qui lui a donné son nom, Crystal Rock. C’est aussi le meilleur endroit pour découvrir de près le Morne Brabant, une sorte de pain de sucre levé sur une péninsule à l’extrémité Sud-Est de l’île. Il dresse ses parois abruptes à 556m d’altitude et a été classé en 2008 par l’Unesco au titre de paysage culturel. Difficile d’accès, il a servi de refuge aux esclaves en fuite et il constitue aujourd’hui un lieu symbolique fort pour les victimes du colonialisme.

    Crystal Rock

    Un paradis vert

    Au-delà de ses plages, Maurice offre une nature tellement généreuse que l’écrivain américain Mark Twain aurait écrit lors d’une visite au 19ème siècle que Dieu s’était inspiré de Maurice pour créer le paradis… De fait, outre ses plages paradisiaques, l’île abrite des trésors naturels qui invitent aussi au dépaysement, le temps d’une escapade de quelques heures.

    Les gorges de La Rivière Noire Charles Mahaux

    La Terre des sept couleurs, à une quinzaine de km de Tamarin sur la côte Ouest, se découvre au cœur d’une immense clairière cernée de collines verdoyantes. Un paysage d’insolites dunes bombées qui semblent onduler et qui se parent sous le soleil de nuances de couleurs fauves, avec des reflets allant du jaune au bleu en passant par le brun, le violet, le vert, l’orange ou le rouge. Ce phénomène unique dans le monde atteste de l’activité volcanique de l’île, il s’agit de cendres mises à nu par l’érosion progressive des roches basaltiques. Les oxydes minéraux de diverses couleurs qu’elles contiennent ne se mélangent pas à cause des différences de densité et dessinent des bandes de couleurs à l’origine de ce magnifique relief.

    La vallée des 7 couleurs à Chamarel Charles Mahaux

    Autre escapade insolite, le Casela Nature Park, à 5km environ de Flic en Flac sur la côte Ouest, une sorte de zoo noyé dans une végétation tropicale. Près d’un millier d’oiseaux multicolores piaillent dans leurs volières au milieu d’arbres exotiques centenaires. On y trouve aussi de nombreuses tortues géantes d’Aldabra qui ne se laissent pas impressionner par les enfants qui viennent les toucher.

    Un arrêt de bus à Flic en Flac Charles Mahaux

    Mais le clou de la visite qui justifie l’excursion est la rencontre avec les félins. Pour les adeptes du grand frisson, la grande attraction consiste à marcher avec des lions, encadrés de guides professionnels. Nous nous sommes contentés du Drive Thru, un parcours à bord d’un véhicule entièrement grillagé à l’intérieur des vastes enclos qui abritent d’un côté des lions et de l’autre des tigres comme si nous étions au cœur de la savane où ils circulent en toute liberté. De quoi offrir certains tête-à-tête uniques https://caselaparks.com.

    Château de Labourdonnais Charles Mahaux

    Remonter le temps à Maurice

    Il ne reste plus grand-chose de ce qui fut l’époque coloniale mais il est un château qui mérite qu’on s’y attarde, le château de Labourdonnais non loin du jardin de Pamplemousses. Il a été construit au 19ème siècle pour une riche famille franco-mauricienne toujours propriétaire du site qui compte également un verger et une distillerie. La beauté historique de cette demeure coloniale a amené la famille à la restaurer pour lui rendre son cachet d’antan et en faire une visite incontournable à Maurice.

    La salle à manger du château de Labourdonnais Charles Mahaux

    La bâtisse affiche sa structure architecturale typique de l’époque avec de nombreuses fenêtres et portes vitrées qui inondent la maison de lumière et permettent également de l’aérer tandis que les 4 façades restent protégées des rayons du soleil par une varangue, à savoir une longue galerie en bois. Le rez-de-chaussée dévoile un très beau parquet marqueté tout comme un mobilier Second Empire en palissandre. A l’étage la chambre conjugale présente un lit à baldaquin, un bonheur-du-jour, un banc de prière, etc… Une autre pièce transformée en musée est dédiée à l’histoire de la famille mais aussi à Mahé de Labourdonnais du nom du domaine sur lequel Christian Wiehe a construit son manoir https://domainedelabourdonnais.com.

    Dans le musée de l’Aventure du Sucre Charles Mahaux

    Cette visite dans un ancien manoir des Sugar Lords du 19ème siècle se prolonge non loin de là par celle du Sugar World ou Aventure du Sucre, un musée aménagé dans l’ancienne usine sucrière de Beau Plan fermée en 1999 après 202 années d’activité. La découverte est ludique et interactive tout au long d’un parcours en 8 étapes entre le pavillon de l’histoire de l’île avec une partie intéressante sur l’esclavage, le pavillon de la canne, les routes du sucre, le pavillon du rhum, etc. tout en découvrant d’impressionnantes machines aux engrenages tentaculaires, des centrifugeuses, des malaxeurs, etc. Notez que chaque section est résumée par un panneau « la leçon » qui affiche les points les plus importants. On découvre ainsi que l’identité mauricienne est intimement liée à la canne à sucre qui a façonné l’île, ses paysages, son peuplement et son économie. On y apprend aussi que la filière cannière est aujourd’hui synonyme d’innovation au cœur d’un modèle d’économie circulaire produisant sucres, rhum, bio fertilisants, énergie verte et alimentation animale https://aventuredusucre.com.

    Marché de Port-Louis Charles Mahaux

    Les saveurs mauriciennes

    La vraie richesse de Maurice est sans nul doute son brassage des différentes cultures qui au fil des années ont tissé entre les communautés des liens forgés sur la tolérance et le respect. Cette harmonie malgré les différences religieuses entre autres nous surprend quand on connaît les hérissements qui divisent nos sociétés occidentales européennes. La langue créole met tout le monde d’accord et elle colore toutes les interactions parsemées de mots français, tout comme la toponymie des lieux à Maurice offre à elle seule un incroyable voyage tant leurs noms sont imagés : Curepipe, Crève-Cœur, Le Pétrin, Plaine Champagne, Poudre d’Or, Terre Rouge, Trou aux Biches et tant d’autres encore.

    Sous la varangue du restaurant L’Escale créole Charles Mahaux

    Les restaurants ne sont pas légion dans l’île, la plupart se situant dans les sites touristiques où ils proposent des menus de qualité dans des décors qui méritent le détour. Comme le rhum est au cœur de l’économie mauricienne, découvrez la table de l’Alchimiste dans le cadre élégant de la rhumerie de Chamarel qui ouvre ses portes pour une visite qui permet de comprendre la différence entre un rhum industriel et un autre dit agricole éco-conscient www.rhumeriedechamarel.com.

    Dans le domaine du thé de Bois-Chéri Charles Mahaux

    Ou encore le restaurant de Bois Chéri qui domine le domaine de l’usine à thé du même nom qui se visite également. Ici le thé figure en bonne place dans le menu : thé glacé, chutney, poulet au thé, etc. A découvrir en s’offrant le parcours gastronomique, historique et culturel de la Route du Thé, du Rhum et de la Vanille www.saintaubinloisirs.com.

    Cuisine de rue Charles Mahaux

    La cuisine mauricienne est à l’image de sa population, elle intègre des spécialités indiennes, européennes, chinoises ou créoles. Comme le public des vacanciers dans les hôtels est tout aussi varié, on y offre souvent des buffets où chacun peut y trouver son bonheur. Mais le moyen le plus sûr d’apprécier les saveurs mauriciennes c’est en s’offrant un Port-Louis Street Food Tour ou comment découvrir les différentes facettes de la capitale entre le Caudan Waterfront la galerie commerciale vitrine de l’île et les rues bigarrées du centre avec intrusion dans le quartier chinois et le marché très coloré.

    Le waterfront de Port-Louis Charles Mahaux

    Une découverte jalonnée de pauses gourmandes autour de la cuisine de rue : des dholl puri, des rotis, un mine frit et bien sûr un jus de canne fraichement pressé mixé avec du jus de citron et une pomme granny ! Délicieux et parfait pour accompagner ensuite la balade dans le marché qui offre une incroyable palette de couleurs avec la richesse des fruits et légumes proposés. Et si vous préférez plus de confort choisissez une authentique varangue créole ouverte au cœur d’un jardin fleuri luxuriant, L’Espace Créole. Le menu dégustation permet de découvrir les 4 saveurs de la cuisine mauricienne servies dans des petits chaudrons, de quoi organiser chacun son assiette à son goût. Un régal dans un décor terriblement authentique https://escalecreole.net.

    Plus d’infos : www.mauritiusnow.com

     

  • Testé pour vous, le Good Night Train Bruxelles-Berlin

    Testé pour vous, le Good Night Train Bruxelles-Berlin

    Le voyage aller vers Berlin

    3 heures avant le départ un sms avertissait les passagers que l’arrivée prévue à la Hauptbahnhof, soit la gare centrale de Berlin, était déplacée à la Gesundbrunnen, une gare plus excentrée au nord de la ville. Un demi-mal car la capitale allemande est très bien desservie par un réseau de transports complet entre bus, trams (le S) et métro (leU).

    A la garde du Midi – Bruxelles Charles Mahaux

    On est nombreux à avoir choisi par sécurité de se présenter à la gare du Midi avec ¾ d’heure d’avance. Bonne idée car le train qui appartient à une entreprise privée n’était pas annoncé sur les écrans du hall. Le responsable des informations qui a pu être trouvé était désolé de ce couac du « système qui n’avait pas encore été adapté » donc c’est dans son talkie-walkie qu’il a reçu et partagé la nouvelle de l’arrivée de notre train sur le quai 5. On peut espérer que ce souci est résolu depuis !

    Il y avait pas mal d’excitation dans l’air entre les nombreux passagers sur le quai qui n’imaginaient pas un train assez retro dans son look où les placards blancs European Sleeper apparaissent bien discrets sur le flanc des voitures. Chacun s’empresse de trouver son wagon et ensuite son compartiment, on éclate de rire quand on se croise avec les valises et sacs à dos dans le couloir étroit. Les numéros des couchettes sont clairement indiqués sur la porte vitrée du compartiment. Les deux couchettes supérieures sont ouvertes et on y trouve les 4 oreillers, couvertures et draps pour installer plus tard les 4 couchettes réservées dans ce compartiment. On peut choisir de dormir sur les couchettes à hauteur moyenne en relevant les dossiers des divans du bas derrière lesquels se trouve une échelle à fixer pour atteindre plus facilement les couchettes supérieures.

    Un retardataire Charles Mahaux

    Un coup de sifflet, le train part à l’heure et déjà on est ravi de pouvoir baisser les vitres du compartiment comme certaines du couloir, ce qui permet de mieux découvrir encore le paysage qui déroule devant nos yeux et d’apprécier cet air-co naturel ! Un jeune steward vient vérifier que nous sommes bien installés et nous briefer sur l’organisation du voyage. Il n’y a pas de bar-restaurant sur cette ligne mais le steward tient à notre disposition quelques boissons et des snacks. Il nous apporte déjà nos petits déjeuners dans des petits sacs en papier, « rien de très gastronomique » avoue-t-il et il prend la commande de nos souhaits de boisson pour le lendemain matin : café, thé ou jus d’orange.

    Un petit tour aux toilettes et aux lavabos disponibles dans chaque wagon me confirme bien ce côté vintage de notre train. De quoi me rappeler mes voyages en France quand j’étais étudiante. D’autres se souviennent de leurs voyages en train durant un mois en Europe avec la carte inter-rail qui leur a souvent permis d’économiser des nuits d’hôtels en choisissant le train de nuit. En effet le plus gros obstacle rencontré par la jeune entreprise European Sleeper a été de trouver du matériel roulant adéquat car ce service de train-couchette a disparu depuis l’arrivée des avions low-cost. Une rame de 10 voitures est actuellement possible pour opérer cette liaison trois fois par semaine mais il n’y a pas encore de voiture-restaurant.

    La cabine-couchette Charles Mahaux

    Nous avions prévu nos sandwiches, ce n’était pas le cas de notre co-voyageur qui a choisi de jeûner, se contentant de la bouteille d’eau offerte par le steward à chaque passager. Un dernier co-voyageur est monté à Amsterdam, nous l’avons attendu pour organiser nos literies. Le partage obligé avec d’autres passagers d’un même compartiment offre la possibilité de rencontrer des personnes avec qui on ne parlerait sans doute jamais. Ici, il faut bien s’organiser car l’espace est étroit mais tout se passe bien et on s’interroge en riant sur comment se glisser dans la housse de couette sans couette qui nous sert de draps. Prévue pour une personne elles ne sont pas très larges et l’ouverture n’est pas très grande non plus. Pas évident pour une personne plus forte ou moins mobile. Nous voilà installés sur nos banquettes un peu dures, tentures tirées et attentifs aux bruits du roulis qui s’interrompra de temps à autre durant la nuit lorsque le train devra s’arrêter pour permettre sans doute le passage d’autres convois.

    Cabine de luxe European Sleeper

    Pour ma part, je me réveille tôt, comme d’habitude, ce qui me permet de me rafraîchir succinctement dans les espaces lavabos particulièrement étroits également et de quitter mon pyjama. Je resterai un moment dans le couloir à contempler les paysages de la campagne allemande qui s’éveille sous un soleil qui sera sans doute lumineux toute la journée.

    Retour en cabine, le chef du train annonce notre arrivée dans une heure, il est temps de replier les couchettes, de découvrir notre petit déjeuner distribué la veille. De fait, ce n’est pas grand-chose : un croissant emballé dans son plastique, un petit ravier de margarine, un autre de confiture et un dernier de fromage pour garnir 4 mini-crackers. On se regarde tous un peu dépités mais bien décidés à commencer la journée à Berlin par un autre petit-déjeuner. Par contre nous sommes tous ravis de la formule d’autant que nous étions en tenue sportive, ayant choisi cette expérience de voyage pour sa moindre empreinte carbone, mais aussi pour cette impression de gagner du temps en économisant une nuit d’hôtel. Il n’est pas prouvé que l’on arrive à Berlin frais et dispos mais après un second petit déjeuner qui recharge les batteries, nous avons consacré toute notre première journée à arpenter la ville et il est vrai que nous nous sommes écroulés à 21h dans notre lit après une douche bien agréable.

    Les couloirs Charles Mahaux

    Le voyage retour vers Bruxelles

    Il y a encore eu un contretemps mais cette fois nous avons été prévenus deux jours avant le départ, de quoi chercher la bonne formule pour rejoindre la gare de Berlin-Linchtenberg, plus à l’Est de la ville. Le départ était également postposé à 21h13 au lieu de 20h30, ce qui donnait à chacun le loisir de se nourrir avant le départ. Attention toutefois, un dimanche en fin de journée, le quartier de cette gare est complètement mort et il vaut mieux se chercher un petit restaurant dans le centre de la capitale allemande.

    Quand on reprend ce train de nuit pour une seconde fois, la formule est déjà décodée et du coup, on trouve rapidement ses marques. Nous avons voyagé cette fois avec un couple de Berlinois qui profitait de cette option de voyage pour partir en Belgique et visiter Bruxelles et la côte. Le confort quelque peu spartiate des couchettes ne nous ont pas dérangés et chacun a apprécié le roulis du train qui tout compte fait nous a tous bercés. Sans doute aussi faut-il prévoir des bouchons d’oreille si on est sensible au bruit que provoque le mouvement du train plus prononcé que dans les trains modernes. Reste que le petit déjeuner, même servi avec le sourire de la jeune steward, reste particulièrement sommaire d’autant que la seconde boisson comme un jus d’orange ou un second café (du nescafé) est payante.

    Qu’en est-il de l’intérêt financier de la formule ?

    Un aller Bruxelles-Berlin en train de jour suppose une ou deux correspondances en Allemagne et le trajet s’étire quand même sur un minimum de 7 heures de voyage. Le coût le plus bas pour un départ programmé dans 15 jours est de 100 euros sans réservation de place. Le temps d’arriver à l’hôtel et de s’y enregistrer, la journée est passée. Une nuit pour deux personnes dans notre hôtel, le Mercure, idéalement situé sur la place Wittenberg, à côté du KaDeWe juste en face d’arrêts de bus mais aussi de la ligne U2 du métro qui permet de joindre tous les points importants de la ville d’Ouest en Est revient hors petit déjeuner à 162 euros. Bref pour un couple, nous en sommes pour le voyage aller à 362 euros. Notre voyage en train de nuit sans doute plus long, quelque 12h30, nous a coûtés 238 euros petit déjeuner inclus même s’il était minime, il avait au moins le mérite d’exister. Avec le voyage retour qui nous a permis de nous offrir 4 journées pleines dans la capitale allemande avec 3 nuits à l’hôtel et le fun garanti de deux nuits conviviales dans le train-couchette, on se sent gagnant et prêt à recommencer l’expérience. Il faut juste se sentir l’âme flexible et avoir son Gsm bien connecté (facile avec la 4G) pour être averti des changements éventuels de gares et d’horaire.

    Informations

    Classes et tarifs : Les voyageurs peuvent choisir entre des places assises (6 par compartiment) à partir de 49 euros par trajet, des couchettes (4 ou 6 par compartiment) à partir de 79 euros par trajet et des lits (3 par compartiment avec lavabo inclus) à partir de 109 euros le lit. Il est également possible de privatiser un compartiment (obligatoire si vous voyagez avec un chien) ou d’opter pour un compartiment woman only.

    Arrêts : Bruxelles Midi, Antwerpen Centraal, Roosendaal, Rotterdam Centraal, Den Haag HS, Amsterdam Centraal, Amerfoort Centraal, Deventer, Bad Bentheim, Berlin Hauptbahnhof.

    Fréquence : Depuis Bruxelles Midi, les lundi, mercredi et vendredi. Depuis Berlin Hauptbahnhof, les mardi, jeudi et dimanche.

    Sachez aussi que European Sleeper prévoit de proposer une liaison vers Dresde et Prague en 2024 et vers Barcelone en 2025

    Plus d’infos : www.europeansleeper.eu

  • Malte, l’île où le temps s’est arrêté

    Malte, l’île où le temps s’est arrêté

    Malte, le vaisseau de pierre et d’histoire ancré en Méditerranée

    Saturée d’une multitude de maisons basses en pierre ocre, Malte surprend par la densité de son tissu urbain. C’est si vrai que l’on s’y perd rapidement car encastrés les uns dans les autres, bourgs et faubourgs s’enchaînent, s’additionnent, se soudent jusqu’à former une immense cité de pierre hérissée de clochers et de dômes majestueux qui égaient la monotonie d’un habitat trop compact.

    Vu du ciel, Ggantija sur l’île de Gozo

    Avec trois sites classés à l’UNESCO et plus de monuments au km2 que tout autre pays, l’archipel offre une concentration de trésors patrimoniaux qui enracinent Malte dans son histoire. On y trouve ainsi les temples mégalithiques de Ggantija qui remontent bien avant les pyramides.

    Le ville de Mdina et ses ruelles typiques

    Mdina, un concentré d’histoire méditerranéenne

    Verrou stratégique en Méditerranée, l’archipel est tombé sous la férule successive des Phéniciens, des Grecs, des Carthaginois, des Romains, des Byzantins jusqu’à ce que les Arabes y installèrent leur capitale sur un éperon rocheux à Mdina. Aujourd’hui, on l’appelle la ville du silence. Ses demeures se barricadent derrières de hauts murs et les fenêtres protégées par des grilles ventrues ajoutent au mystère. Les colonnes de la cathédrale Saint Paul rendent un éternel hommage à une cohorte de pierres tombales frappées des armoiries des grandes familles de Malte qui semblent hanter les venelles de la cité endormie.

    Fort St Elmo à La Vallette

    L’Ordre hospitalier de Saint-Jean-de-Jérusalem

    C’est en 1530 que Charles Quint offrit l’archipel à l’Ordre chassé de Rhodes où il s’était replié après avoir fui la Terre Sainte. Durant deux siècles, les chevaliers vont imprimer leur empreinte sur l’île qui perdurera même lorsqu’elle passera sous domination britannique.  Il y a, dit-on, autant d’églises sur l’archipel que de jours dans une année. C’est l’Ordre qui va assurer la cohésion du pays et aujourd’hui, l’Eglise conserve encore toute son influence auprès de la population.

    Malte, une île mystique où souffle l’Esprit

    La cathédrale Saint-Jean avec sa profusion de peintures, de tapisseries et de sculptures raconte mieux que les autres monuments la foi qui habitait les chevaliers de la vieille aristocratie.

    Ce joyau baroque est encore un lieu de rendez-vous des Maltais. Il suffit d’y pénétrer durant la Semaine Sainte pour plonger dans une ambiance presque monacale. Le pavement des pierres tombales sous lesquelles gisent les chevaliers mène à une chapelle tendue de drap de velours rouge symbolisant le sang versé par le Christ. Autour du tabernacle en or massif, on se recueille en silence.

    Cathédrale Saint Jean au cœur de La Valette

    Le jeudi Saint est le jour des sept visites dans sept églises différentes au pied des autels de repos qui invitent à la prière. Les familles déambulent dans les rues d’un porche à l’autre sans oublier de visiter les singuliers chemins de croix miniatures que certains reconstituent dans le hall d’entrée de leur maison. Dans la soirée, ils sont des centaines à s’ébranler dans une procession plus bavarde sur un chemin de Croix éclairé de lanternes qui mène vers un immense calvaire illuminé.

    Procession du Vendredi Saint Charles Mahaux

    Le Vendredi Saint à Malte

    Le vendredi Saint est un jour de deuil consacré aux reconstitutions historiques qui retracent la passion du Christ. La plus importante, avec près d’un millier de figurants, est à Zebbug : des tableaux vivants recréent les scènes de la Bible dans une procession rythmée par les ensembles musicaux qui scandent avec gravité la longue marche des pénitents qui portent les lourdes stations du calvaire.

    Quel contraste avec le dimanche de Pâques qui réunit les familles endimanchées sur les places ! Les enfants jouent volontiers à cache-cache au milieu de cette foule compacte d’habitués, à croire que tout le village se donne rendez-vous sur la place proche de l’église. Ce sont des fêtes de réjouissances qui célèbrent la Résurrection dans un immense apéritif et qui se prolongent par un repas familial.

    Coucher de soleil sur La Valette

    La mer qui cerne Malte et sa couleur bleue si particulière

    A La Valette, quand vient l’heure de dîner, la vie semble se poser, se mettre en congé jusque plus tard dans l’après-midi. Les commerces ferment leurs portes, les étals de marchés se replient, les rues se vident. Il y fait si calme qu’on peut entendre le clapotis des vagues monter du port.

    Depuis les jardins d’Upper Baracca qui surplombent la ville, le regard embrasse les bastions de Cospicua, Vittoriosa et Senglea qui hérissent l’autre côté de la baie. La rade est animée des silhouettes de voiliers élégants, de yachts luxueux, de paquebots de croisière mais aussi de chaloupes maltaises bigarrées.

    efesenko – stock.adobe.com

    Les fameux luzzus de Marsaxlokk

    La grande bleue s’avère d’un accès difficile : les hautes falaises crayeuses sont battues par les vagues et les petites criques semblent bien discrètes. Il faut aller vers le nord, à Marsaxlokk, un petit port niché au creux d’une baie, pour participer à la vie de pêcheurs qui ravaudent leurs filets sur les quais tout en bavardant dans une langue dont les sonorités évoquent l’arabe mais avec un rythme chantant à l’italienne. Des centaines de chaloupes multicolores dansent sur la mer, les fameux luzzus, toujours décorés sur la coque d’un œil, celui d’Osiris qui protègerait les embarcations du mauvais sort.

    Marsaxlokk, petit port de pêche

    La mer se laisse approcher sur l’île de Gozo

    Selon la légende, c’est ici que Ulysse fut retenu dans une grotte par la nymphe Calypso, au pied d’une plage de sable rose aux reflets dorés. Les champs en terrasses cernés de murets de pierre sèche dévalent vers le littoral bordé de falaises et de criques rocheuses. Un jour radieux à Gozo trouve son épilogue dans un coucher de soleil toujours féerique qui vire à l’orange avant de basculer écarlate derrière l’horizon. Tout le paysage minéral de la baie se pare de violet puis d’un bleu profond qui se noie dans le miroir strié de la Méditerranée.

    Mer démontée et bleu azur sur l’île voisine de Gozo